Les interrogations des médias sur la diffusion des estimations avant 20 heures révèlent un manque de préparation sur la couverture des élections.

Les risques sont connus depuis longtemps : il n’y a là rien de neuf, la loi relative à la publication et à la diffusion de certains sondages d’opinion datant du millénaire dernier, précisément en l’an 1977.

Il n’y a dans cette contrainte légale aucune règle déontologique, et le risque pour le média en tant que tel est « purement » financier.
Tout comme la presse People intègre dans son budget les éventuels frais suite à la publication d’une info, les sites web des médias auraient du, dès leurs réunions de conception du dispositif élection, prévoir une enveloppe de 75 000 euros.

Quant à l’argument de l’invalidité demandée par un candidat – une raison évoquée par slate.fr par exemple, il ne tient pas complètement car la preuve serait bien difficile à apporter. Quand bien même des personnes iraient voter au dernier moment, comment prouver que leur déplacement est motivé par une estimation trop tôt dévoilée ?

Enfin, imaginez que les estimations placent Marine Le Pen (ou un autre extrême) au second tour. Vous pensez sérieusement que les « petits » candidats – de gauche comme de droite – ne vont pas hurler à la mobilisation dès l’estimation connue par leur état-major ?
Et, outre les candidats outrés, les médias se pareront d’un argument discutable mais acceptable par la société civile : « en publiant les estimations avant 20 heures, nous avons agi en gardien de la démocratie afin de ne pas avoir un hold up de l’extrême-droite ».

A lire chez Erwann, le plein d’articles sur le sujet (qui eux mêmes contiennent des liens, etc)
– Fuites électorales : quand la ligne Maginot numérique aura craqué, on fait quoi ?
– Guide pratique du journaliste web un dimanche de présidentielle
– Résultats avant 20h : c’est dur les gars, hein ?
– « Nous diffuserons les sondages sous embargo la veille du scrutin et les résultats de sorties des urnes »