2012 sera l’année du flux de rédaction
2012 sera une grande année pour les sites web d’information.
D’abord, parce que l’actualité est riche.
Ensuite parce que les journalistes sont partants, beaucoup plus qu’on ne le croit, pour « aller en ligne ».
Enfin, parce que les dirigeants ont des stratégies qui s’affinent.
En témoignent les réorganisations, l’installation de nouveaux outils, les formations : autant d’éléments qui scellent la fin de ce bourbier dans lequel les médias se sont enfermés voilà… 15 ans. Balles neuves pour 2012, donc, et l’occasion de pousser un nouveau concept : le « flux de rédaction »
Un concept inévitable : si vous souhaitez publier sur mobile, web, papier, en texte, image, son et vidéo, vous devez vous interroger sur votre capacité (ou celle de vos équipes le cas échéant) à intégrer et utiliser des processus nouveaux dès la rédaction, et non plus une fois l’article rédigé.
Du « new news process » au flux de rédaction
Le flux de copie, vous connaissez : c’est le processus de validation entre le moment où le journaliste libère son article jusqu’à l’impression. Ses étapes sont multiples : correction / édition / calibrage / impression sont les plus classiques.
Mais que se passe-t-il AVANT que la copie soit rendue ? PENDANT la rédaction ?
Il y a une éternité – 5 ans – Jeff Jarvis avait publié un schéma explicite : le « new news process », accessible sur son blog et repris ci-dessous. En cinq ans, nous pourrions croire que cette façon de travailler l’info s’est largement répandue dans les rédactions.
Pourtant, encore aujourd’hui, son explication suscite tout autant d’émerveillements et d’agacements.
Afin d’éclaircir un peu ce process, je vous propose un terme aujourd’hui peu utilisé d’après notre ami Google : le flux de rédaction. C’est moche, mais cela répond en miroir au flux de copie.
En anglais, le flux de copie s’appelle workflow. On pourrait traduire le flux de rédaction par writeflow. Basique, mais pour les fans d’anglicisme…
Bien entendu, aucune notion de propriété sur ces termes : ils ne sont même pas en licence CC, je n’en assure aucunement la paternité, tout au plus je tente de diffuser et de relayer ce qu’ils contiennent.
Le flux de rédaction ?
C’est la visualisation concrète des étapes que chaque journaliste ou blogueur connait quand il rédige un papier, de la recherche des infos à la rédaction à proprement parler. Avant la publication d’un « article » .Les guillemets sont fondamentaux, car le format traditionnel de l’article aujourd’hui est largement discutable.
L’informatique et ses outils permettent aujourd’hui de mettre en place des flux de rédaction différents du schéma traditionnel. A noter que ces outils s’ajoutent évidemment à ce schéma traditionnel – ils n’ont absolument pas vocation à le remplacer. Tout au plus ont-ils pour rôle de l’augmenter, un terme cher à Eric Scherer et qui a toute sa place ici.
Le schéma traditionnel
Quatre outils
- Le téléphone
- La rencontre
- Le terrain
- L’ordinateur – pour la rédaction.
En fonction du sujet traité, le journaliste active l’un ou l’autre. Sur une brève, il peut s’arrêter à une interview par téléphone, pour un webdoc il ira se balader, multipliera les rencontres, et aura l’oreille collée au téléphone entre-deux rendez-vous.
Le fonctionnement idéal de ce schéma traditionnel : je rédige ce que je cherche, je cherche l’info, je la trouve, j’en gribouille les idées phares, je cogite sur ce qu’elles impliquent, j’en cherche d’autres pour contredire, j’appelle, je rédige. Etc. jusqu’à l’article fini. Cela prend d’un quart d’heure pour un papier rapide à plusieurs semaines / mois / années pour une enquête.
Le flux de rédaction moderne
Aux quatre outils traditionnels sont ajoutés des possibilités, optionnelles. La nouveauté n’est pas dans le fonctionnement du schéma traditionnel exposé ci-dessus, qui reste bien sûr valable, mais dans son fonctionnement ouvert à un extérieur bien plus riche.
1. Ajoutez de nouveaux moyens de contacts au téléphone
Quand vous décrochez le téléphone, vous avez une chance sur quatre que votre votre interlocuteur réponde.
Le ratio est le même en le contactant par mail. Dans l’urgence – ou pour être sûr de le toucher – doublez votre appel par un mail. Vous augmentez vos chances d’avoir un retour.
Si la personne est active via les réseaux sociaux, vous ajoutez encore une possibilité de la toucher.
D’une chance sur quatre, vous passez à trois chances sur quatre.
Et vous montez à quatre sur quatre quand vous activez vos réseaux en ligne afin de trouver une personne qui vous répondra d’autant plus facilement que vous êtes recommandé par quelqu’un.
Ces ratios sont très simplistes, tout sauf scientifiques : ils ont pour seul but de vous montrer que l’idée des « nouveaux outils » n’est pas de remplacer les précédents, mais de s’y ajouter.
2. Passez d’une rencontre à une collaboration
Sur un événement, lors d’une rencontre, en reportage : rien ne vaut la prise de notes. Rendez les plus intéressantes publiques et vous aurez, outre vos impressions et informations in situ, des propositions d’autres reporters ou témoins sur place. Twitter passe ainsi d’un réseau social à un média social, et est un formidable outil de reportage. Les « autres » personnes enrichissent vos propos, étayent vos notes, voir contredisent les informations que vous reportez. Et c’est bien !
En gros, sur un événement, vous avez donc vos propres yeux… et profitez des regards des témoins. Plusieurs points de vue d’un coup ? Intéressant !
3. De l’ubiquité sur le terrain
Sur place, quand vous êtes sur le terrain pour un travail d’enquête, vous ne pouvez rencontrer que N personnes dans une journée. Parfois, vous n’arrivez pas à voir tout le monde.
Pourtant, en préparant votre arrivée, par l’intermédiaire d’un blog par exemple, expliquant votre cheminement, qui vous souhaitez voir, vous multipliez vos chances de voir les bonnes personnes.
Soyez contactables « publiquement » via twitter ou facebook, vous aurez éventuellement de nouvelles propositions de rendez-vous au sein même de la journée, ou pour le lendemain.
Cela n’enlève pas la bonne pratique historique qui est de demander à toute personne que vous interviewez 3 contacts, parmi lesquels :
– une personne qui partage son point de vue et « c’est normal » (un syndicaliste -> un syndicaliste),
– une personne qui partage son point de vue mais « tout de même, ça m’épate » (un syndicaliste -> l’un des directeurs / cadre / etc)
– la personne qui est son plus farouche opposant
4. Rédiger… en direct
Votre article est en vie, dès le début. L’article n’est plus un article, au sens propre. C’est une information qui se développe. Jetez un oeil ci-dessous aux slides que j’utilise en conférence et formation sur cette notion de rédaction permanente. Rien de bien extraordinaire, mais ils sont plus clairs qu’un long discours (j’espère 🙂
Sur ce, bonne année à tous, et soyez les bienvenus en commentaires ci-dessous, via twitter et sur facebook !
En espérant que newsressources saura vous accompagner au mieux dans la voie vers le flux de rédaction qui vous convient ! 😉
Très intéressant ! Merci 🙂 J’ai « scoopité » :
http://www.scoop.it/t/ecrire-web