Social reader, le double effet beacon de facebook pour les médias
2009, Beacon : tout le monde avait hurlé en dénonçant l’atteinte à la liberté de publier, au point de lancer une procédure judiciaire.
2012, Open Graph et social reader, tout le monde crie de joie à l’idée de partager tout et n’importe quoi, dans une euphorie d’applications.
Majestueuse manipulation en quatre petites années. Ils sont forts, les « social media evangelist ».
Et on n’a rien vu venir. Enfin, si. Mais on s’est laissé séduire par les équipes de facebook, twitter et les autres qui draguent ouvertement les perspicaces, qui jusqu’ici avaient un oeil à peu près vif. Désormais torve, l’oeil ne voit plus rien, délaissant un cerveau lent berçé par les sirènes du nombre fatidique, le milliard d’utilisateurs.
Beacon, pour ceux qui ne s’en rappellent pas – ou sont nés dans les années 90 – était le système vendu par Facebook aux annonceurs, et précisément aux sites marchands. L’idée : quand vous consultez la fiche produit d’un bouquin sur amazon, d’un lave-linge chez cdiscount ou d’une carte bancaire à la Société Générale, vos amis sont informés de votre lecture et de votre potentiel achat. Le tout, sans que vous ne le sachiez trop.
Il y a quatre ans, Zuckerberg avait du reculer devant le tollé, l’ensemble des internautes éclairés de l’époque ayant soulevé le lièvre d’un surf rendu public.
Aujourd’hui, que se passe-t-il avec l’Open Graph ? Vous lisez un article sur L’Express, regardez une vidéo sur dailymotion ou écoutez du bon son sur Spotify, et voici vos amis prévenus de vos activités. Sensiblement la même chose que beacon…
La fourberie décelée à l’époque de Beacon était que facebook publiait à l’insu de notre plein gré – et tout le monde redoutait l’installation de beacon sur les sites de cul.
En quatre ans, le retournement est complet. Facebook a réussi à rendre coupable le site qui utilise l’open graph. La terminologie employée est simple : « Vous autorisez le site gnagna à publier sur votre mur ». Ainsi, ce n’est pas facebook responsable mais le site éditeur qui intègre la solution.
Et l’utilisateur est à peine prévenu la première fois qu’il arrive sur le site utilisant Open Graph. Ensuite, pour peu que l’on ai rapidement cliqué sur le gros bouton OK sans jeter un oeil à cette fenêtre intempestive, voici que vos « amis » découvrent avec amusement ou horreur que votre journée de travail est en fait une journée de matage de vidéos débiles. Tout le monde s’en doutait déjà, mais l’afficher publiquement, tout de même !
En fait, le tour de magie de ces dernières années est là : facebook est devenu incontournable. Pour les sites tiers, tout moyen est bon afin d’accéder à sa base d’utilisateur comme levier pour générer de l’audience. Au risque de forcer l’utilisateur.
Vers une utilisation en baisse des social readers ?
Grande joie mardi 8 mai à la lecture de ce papier de buzzfeed : « L’audience des applications social readers de facebook en déclin« .
A voir si la tendance se confirme, ce qui serait signe d’une utilisation plus mature de facebook.
L’effet un peu pervers à mon sens, c’est qu’on a beau être responsables de la lecture sociale, on a pas la main sur les boîtes de dialogue qui expliquent l’effet de l’application aux utilisateurs (.. à peine le champ « à propos »).
Oui, c’est clairement l’un des points faibles, d’autant plus que « vous » êtes clairement désignés responsable ;/