Lors de la préparation d’un sujet, des sites internet connus peuvent vous rendre de grands services. Afin de les utiliser au mieux, l’idéal est d’adopter une logique de rebond. Le principe : repérer sur leurs pages de résultats les informations connexes ou options discrètes, en sortir quelques informations à utiliser dans une recherche sur Google ou via un autre service, multiplier les opérations en fonction des données recueillies, etc.
Sans partir du principe que vous validerez définitivement les informations reçues, vous aurez un faisceau de preuves qui vous permettront d’avoir tout un contexte bien pratique dans le cas d’une enquête ou d’une interview.

Ces services ne sont en rien révolutionnaires, mais leur utilisation dans un cheminement d’enquête ouvre plein de pistes, comme nous allons tenter de le montrer ci-dessous.

L’exemple de logique du rebond utilisé ici a pour objectif de débroussailler les activités internet de Laurent Tapie, fils de Bernard.

Le whois, ou comment trouver les contacts de celui qui achète un nom de domaine type bernardtapie.com

Quand vous achetez un nom de domaine, vous renseignez des champs de contact : prénoms, noms, adresse email, téléphone. Par défaut ces champs sont accessibles à tous, et bien rares sont les acheteurs qui pensent à rendre leurs données inaccessibles.
Pour chercher dans cette base de données, vous utilisez ce qu’on appelle whois.

Les sites officiels type internic.net ou afnic.fr ne donnent pas de résultats exploitables. Celui que je vous recommande est who.is. Abstraction faite des publicités et autres vidéos sans intérêt, il compile l’ensemble des données les plus intéressantes.

Lors de votre première recherche – sur bernardtapie.com dans le cas présent – vous ne trouverez rien de bien intéressant : comme les moteurs officiels, who.is donne peu d’infos en première page. Mais en cliquant sur le petit onglet « History », vous trouverez les changements récents de propriétaires. Où les informations sont autrement plus riches…







En l’occurence, vous saurez que le propriétaire du nom de domaine bernardtapie.com est Laurent Tapie, dont le mail est laurenttapie@gmail.com , et qu’il a indiqué comme adresse le 4 rue de Penthièvre à Paris.

Cet outil peut être amusant à utiliser lors de campagnes municipales. Par exemple, marseille2014.net a été acheté par un certain Frédéric Cotta, qui indique être employé au Conseil Général 13 et qui n’hésite pas à poster des vidéos accusant les ennemis (Gaudin, Muselier, Gilles) de son employeur (Guérini).

Premiers rebonds via Google pour confirmer qu’il s’agit du « bon » Laurent Tapie

En tapant [ « Laurent Tapie » « 4 rue de Penthièvre » ], l’un des premiers résultats vous emmène sur le… site officiel bernardtapie.com, via les conditions d’utilisation. Cela confirme que les données administratives du nom de domaine n’impliquent pas une tiers personne.

La seconde information obtenue via le who.is est le gmail de Laurent Tapie. Quelle utilisation a-t-il de cette adresse email ? Pour cela, vous faites une simple recherche sur google [ « laurenttapie@gmail.com » ].
Dans notre exemple, le gmail de Laurent Tapie renvoie vers des sites semblables à who.is qui listent les noms de domaine achetés avec cette adresse.
Où l’on s’aperçoit qu’il apprécie particulièrement le poker, le rachat d’or et la restauration peu chère.

Se pose la question des noms de domaine contenant les noms propres sophietapie.org et stephaneteapie.org. Est-ce bien de la famille Tapie ? Oui, Sophie et Stéphane – et les déclinaisons de Bernard Tapie – confirment définitivement qu’il s’agit du frérot « web » de la famille.

Societe.com pour les informations sur les dirigeants, et savoir ce que l’on que trouve au 4 rue de Penthièvre

Information trouvée via la première recherche Google [« Laurent Tapie » « 4 rue de Penthièvre » paris], un peu plus bas que le résultat vers le site officiel dont nous avons parlé précédemment : la société BLT Developpement.







Arrivé sur societe.com, vous trouvez quelques informations de base – gérants, capital social, actes récents. A noter que pour un site web modeste, le capital social de BLT Developpement est relativement élevé – 10 millions d’euros. Au regard des informations disponibles, cela ne cache pas forcément une manoeuvre financière douteuse, mais cela demande un approfondissement.

Autres informations accessibles gratuitement, en cliquant sur Laurent Tapie, on voit l’ensemble des sociétés auxquelles il est lié – une petite dizaine.

La fonction site: pour trouver des infos sur un site précis

Enfin, toujours gratuit, en cliquant sur l’onglet « Achat de documents », vous trouverez les documents officiels mais aussi une sélection d’articles concernant la société. Ils sont malheureusement payants, mais vous pouvez contourner ce problème en rebondissant sur Google via la fonction site:

Societe.com indique un article de lexpansion.lexpress.fr daté du 20 décembre 2012 – pour la modique somme de 4,5 euros. Faites plutôt la recherche [blt developpement site:lexpansion.lexpress.com] pour arriver sur l’article en question







Où l’on retombe sur l’intérêt de Laurent Tapie pour les sites de Poker, l’article expliquant qu’en octobre 2011 il avait cherché à acheter un site de poker US mal en point.

Evidemment, cela ne fonctionne pas avec des sites comme lesechos.fr ou lemoniteur.fr, dont l’accès aux archives nécessite un compte.

Sans payer societe.com, il est difficile d’obtenir des informations complémentaires sur BLT developpement. Par contre vous pouvez jeter un oeil aux infos de base sur l’ensemble des sociétés dans lesquelles Laurent Tapie a un rôle d’après les données dispo via societe.com.

Par exemple, il est aussi gérant d’une entreprise de « programmation informatique », appelée Talenteis, dont le lancement en décembre 2012 semble ravir l’équipe.

Avec 123people, contactez Laurent Tapie directement – et découvrez son pseudonyme canadien via Google+.

Pour finir notre petit tour des activités de Laurent Tapie, faites un tour côté vie perso avec 123people. L’ergonomie du site est discutable, mais on y trouve parfois des informations que l’on préfèrerait disctrètes.

Passons sur les adresses postales et numéros de téléphone fixe : avec 123people vous accédez facilement aux pages blanches (et pour cause, 123people a été acheté par le Groupe Pages Jaunes), ce qui vous permet de constater que Laurent Tapie a une résidence, à priori à titre perso, au 4 rue de Penthièvre, dont le numéro est….

Plus amusant, la première photo d’un Laurent Tapie qui ressemble au notre provient de picasa. Quand vous cliquez dessus, vous arrivez sur la page de la photo, avec le nom du profil Google+ qui a posté la photo – un certain Jonathan Roy. Mais pourquoi 123people la remonte ? Grâce au nom du fichier image :
https://lh6.googleusercontent.com/–zwLYQ84y4Q/ULJiXPe36ZI/AAAAAAAAABw/7dnZrg3Vfw0/s273/Laurent+Tapie.jpg







Notez que sur Google+ vous pouvez aussi cliquer sur « Détails de la photo » et trouver les données exif de l’image – où l’on retrouve le nom du fichier (cf capture d’écran à droite – ci-dessous si vous êtes sur mobile)

Laurent Tapie – aka Jonathan Roy sur Google+ donc – aime définitivement le poker. Et pour cause : une rapide recherche Google indique que c’est le nom d’un joueur de poker canadien, l’un des meilleurs au monde.

Les deux liens postés sur ce compte Google+ sont pour le moins énigmatiques, puisqu’ils renvoient vers une page proposant des platinum gratuits pour le jeu Pocket Legends… Une autre activité naissante ?




Comme vous pouvez le constater, ce ne sont pas 5 à 10 minutes de recherche sur le net qui vont apporter des informations exceptionnelles. Le fait que BLT développement soit la société derrière bernardtapie.com est affiché sur le site, tout comme y est indiqué le capital de 10 millions.
Mais avec cette logique de rebond et quelques petits outils, on peut récupérer des billes pour une interview à venir, ou trouver des pistes à creuser lors d’une enquête.