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Données fleuries #3

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Données fleuries #3

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Jon Millward a sans doute dépensé beaucoup d’énergie pour pondre cette étude « en profondeur » sur 10 000 vedettes du porn (via). Pas moins de six mois de travail ont été nécessaires pour traiter cet immense jeu de données avec comme unique objectif : tirer le portrait de l’acteur « moyen » dans l’industrie florissante du film pour adultes, tout en suivant l’évolution de ces comédiens-performeurs à travers l’histoire.

L’origine de cette idée lubrique tient, pour Jon, dans la volonté apparente de dépasser les clichés concernant ce monde un peu à part (des blondes à forte poitrine ? vérifions ça !) et – surtout, ne nous y trompons pas – dans le plaisir non dissimulé de tripoter une sacrée base de données de plus de 250 000 entrées : iafd.com.

 
Dis bonjour à la dame.

Dis bonjour à la dame.

 

Au sein d’un article plein d’humour et de clins d’oeil jamais (trop) scabreux, et forts de sources abondantes, Jon Millward détaille : les acteurs porno font la même taille que l’Américain moyen (1m77 pour les hommes, 1m65 pour les femmes), mais leur poids est considérablement… inférieur. L’actrice qui détient le record avec 326 kg (« deux pandas géants » remarque aimablement l’auteur) fait forcément figure d’exception dans un monde lisse sans graisse superflue.

Et en parlant de mesures et de clichés, Millward a compilé une autre statistique qui pourrait, à elle seule, mettre à mal l’industrie de la chirurgie esthétique : les seins des stars du porno n’affichent pas des records de rondeur(s) propres à tous les fantasmes notariés. La moyenne des 7 000 actrices mesurées plafonne à un « étonnamment maniable » (sic) 90C, loin des clichés pétillants dépassant le mètre de bonheur supposé.

 
Anamorphose faciale des 10 vedettes les plus populaires.

Anamorphose faciale des 10 vedettes les plus populaires.

 

Le reste de l’étude (résumée dans une majestueuse infographie data) est à l’avenant : clichés sur les couleurs de cheveux et de peau, statistiques sur les pseudonymes (« Nikki Lee » et « David Lee » sont dans un bateau…), bijoux, tatouages, type de « performance » (hum) ou de « rôle » sexuels – la « teen » adolescente majeure toujours loin devant sa mère la MILF… tout y passe. Succès garanti. Il faut dire que le sujet est consensuel.

 

L’effet WOW

« Sans transition », le dernier discours de l’état de l’Union de Barack Obama a particulièrement bien inspiré le monde de la donnée.

Tout d’abord, cette excellent[issim]e application : « l’état de notre union est… plus débile ». Grâce à la collecte de l’ensemble de ces discours – depuis celui de George Washington en 1790 – et grâce à un test de lisibilité dit de « Flesch–Kincaid », la petite équipe new-yorkaise du « Guardian » a établi que le niveau linguistique de l’allocution du Président américain décline largement à travers le temps.

 
Les discours de l'état de l'Union à travers le temps (détail).

Les discours de l’état de l’Union à travers le temps (détail).

 

À l’origine, le test de Flesch-Kincaid a été élaboré pour l’Armée et notamment pour établir la complexité de ses manuels techniques. Il permet, en mesurant savamment la longueur des mots et des phrases d’un texte et en moulinant ces valeurs dans une formule mathématique, d’indiquer la difficulté de compréhension d’un texte.
Grâce au travail du « Guardian », il est possible d’observer l’évolution de la complexité de ces discours sur l’état de l’Union que le Président effectue tous les ans devant le Congrès, afin de dresser un bilan de son administration sur l’année passée et présenter son programme sur celle à venir. Cette application (mise en forme avec d3.js) est d’une efficacité et d’une sobriété redoutables.

Reste à déterminer si le déclin du niveau linguistique de ces discours – à travers les décennies, progressivement – est une volonté manifeste du pouvoir politique américain de s’adresser au plus grand nombre (s’entend : à un plus grand nombre de citoyens) ou bien si ce déclin est la conséquence irrémédiable d’un effondrement réel du niveau général de la maîtrise de la langue.

***

Ensuite, toujours à l’occasion du dernier discours d’Obama dans lequel il mentionne les discussions actuelles, très vives, concernant le port d’armes à feu, l’essentiel « ProPublica » a sorti l’artillerie lourde en publiant une compilation des meilleures ressources sur le sujet depuis la terrible fusillade de Sandy Hook, à l’origine du grand débat national.

 

Des parlementaires très divisés... par la NRA (détail).

Des parlementaires très divisés… par la NRA (détail).

 

« Washington Post », « New York Times », « Guardian », « Slate » et bien sûr « ProPublica » (entre autres), les meilleurs médias anglophones ont réalisé des infographies, visualisations, applications de très grande qualité pour illustrer le sujet sensible de la relation entretenue par les Etats-Unis avec les armes. Que ce soit leur commerce, le lobbying politique, les statistiques de violence, tout ce que compte la planète « data » de meilleur sur ce sujet est listé. La représentation de l’information par la donnée dans son exhaustivité et son excellence.

 

Veilleries

Quelques jolis objets sont passés dans le radar récemment et méritent sans doute de figurer ici – même s’ils commencent un peu à dater :

  • Nanoproducts est une élégante série d’infographies produites par la section Design de l’université de Washington et mise en valeur ces jours-ci par visualizing.org. Tout y est pour comprendre le principe des nanotechnologies, de quelle manière elles font déjà partie de notre vie quotidienne et les enjeux pour l’avenir.
  • Une réforme du collège électoral (via) est une proposition très sérieuse de l’artiste et planificateur urbain Neil Freeman (qui réalise par ailleurs des cartographies très originales), pour repenser entièrement le découpage politique des Etats-Unis. Cette jolie carte colorée redessine le pays en tenant compte des données du recensement les plus récentes, de l’histoire, afin de représenter la population effective de manière beaucoup plus moderne. Et de renommer joliment les Etats, ce qui ne gâche rien.
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Nicolas Patte
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