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Les médias traditionnels, ou la déontologie par la contrainte

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Les médias traditionnels, ou la déontologie par la contrainte

[conseil de lecture : ne vous arrêtez pas au premier paragraphe, c’est un court billet à double détente]

L’un des avantages du papier ? Le manque de place oblige a une sélection. Le selfie Cameron – Thorne Schmidt – Obama n’y aurait pas eu sa place. Epsilonesque scène d’un événement, il ne reflète en aucun cas la réalité des grands moments vécues par les personnes présentes dans le stade .
A la trappe, donc, la photo.

Pour autant, cela signifie aussi une chose plus dramatique : quand un média a de la place, il publie un peu tout et n’importe quoi sous couvert de multiplier les angles. Quand il ne l’a pas fait sur le moment, il finira par le faire, sans doute un peu tard, mais tout de même pour profiter du « buzz ».

Ce que nous prenions pour de la déontologie dans les médias traditionnels n’est parfois peut être que le résultat d’une contrainte technique.

Le raccourci est évidemment un peu rapide. D’une part, il ne s’agit pas de tous les médias. D’autre part, dans un média, tous les journalistes n’ont pas les mêmes réactions. N’empêche, le résultat est là.


Une question, pour ouvrir le débat, puisqu’il s’agit de faire de l’audience. Préférez-vous transformer un simple instant en événement via l’omission de tout son contexte, ou préférez-vous avoir des listes de lolcats pour financer un journalisme sans concession ?

Allez lire les explications du photographe Roberto Schmidt sur le blog Making Off de l’AFP.

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Cedric
4 Comments
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  • Cyrille Frank
    12 décembre 2013 at 8 h 44 min

    Bonjour Cédric,

    Je suis d’accord !

    Ce que tu appelles « contrainte technique » s’appelle aussi hiérarchie de l’info. Oui, certainement, la disparition de l’édition et donc contrainte par un format limité coïncide avec l’apparition du flot : la multiplication des angles. Nous sommes désormais submergés de news car c’est désormais possible.

    Il est assez amusant de constater que ceci est vrai de beaucoup de choses et toutes ces possibiltiés techniques se conjuguent pour accentuer ce fameux flot et cette hiérarchie de l’info désormais bancale. Ainsi de l’apparition des stats d’audience, du feedback lecteur qui permettent de savoir ce qui « marche ». Outils d’amélioration qualitatifs, ils sont aujourd’hui utilisés d’un point de vue quantitatif : faire du clic ou toucher un max de personnes.

    Les outils ne sont que ce qu’on décide d’en faire, mais force est de constater que lorsque c’est possible, les barrières déontologiques tombent. L’homme est ainsi fait qu’il résiste mal à la tentation. Kant se retournerait dans sa tombe : respecter une loi quand on n’a pas le choix est tout sauf de la morale. Ce qui est moral (ou déontologique), c’est de s’imposer à soi-même des règles qu’on estime justes (le fameux rigorisme de l’impératif kantien) 🙂

    Un petit billet oh combien profond, quand on y réfléchit ! Bravo 🙂

    • 12 décembre 2013 at 12 h 31 min

      Punaise, heureusement que tu es là, parce que c’est toujours plaisant de voir les apports / nouveaux angles / références sur lesquels repose ton discours.

      Ainsi, à l’inverse de la brasserie de Charmes qui créa une bière sournoisement nommée Kantator, tu penses que Kantaraison. Et bien oui, je vous approuve mille fois, tout en sachant pertinemment combien il est dur de résister à la tentation.

    • couve
      12 décembre 2013 at 12 h 36 min

      Cédric,

      Même si la contrainte de l’espace disponible a disparu sur le web, celle du temps disponible et du nombre de journalistes dans la rédaction demeure. Cette contrainte vient sérieusement tempérer la notion d’infini de l’espace du web. Il existe donc toujours des choix dans la mesure où une rédaction n’est pas en mesure de tout traiter.

      En revanche, je pense que le fait de disposer de statistiques de fréquentation en temps réel vient peser fortement sur des équipes qui évoluent dans des contextes économiques et concurrentiels très tendus. Pour aller dans le sens de Cyrille, ce sont de nouveaux modes de choix qui sont à l’oeuvre plutôt qu’une absence de choix.

      A ce titre, on peut sans doute regretter l’absence (souvent, hein, mais pas toujours) de conférence de rédaction dans les équipes web. ce temps de réflexion collective devient de plus en plus nécessaire à mesure que le rythme s’accélère. AMHA.

      • Cyrille Frank
        12 décembre 2013 at 19 h 16 min

        J’abonde (James… heuh, Philippe), j’abonde ! Ces confs de rédac sont essentielles, et en effet, la contrainte économique et concurrentielle ne facilitent pas la sérénité dans le traitement de l’info.

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